Côte d’Ivoire CPI: La personnalité de Metchro Moise passée au crible « Mon cerveau n’est pas un ordinateur »

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Suite aux dernières questions de la défense de Blé Goudé, les avocats de Laurent Gbagbo ont pris le relai pour interroger Metche Metchro Moise Harold Fabrice, lundi 31 octobre, à la Cour pénale internationale. Le passé du témoin a été passé au peigne fin. Objectif : cerner la personnalité de l’ancien numéro deux du Groupement des patriotes pour la paix (GPP).

Par Camille Dubruelh Source: Ivoirejustice

Enfance, consommation de drogue, épisodes dépressifs, la défense de Laurent Gbagbo n’a pas hésité à poser des questions intimes au témoin. Dès le début de son contre-interrogatoire, Andreas O’Shea, l’un des avocats de l’accusé, est ainsi revenu sur le passé de Metche Metchro Moise Harold Fabrice, s’intéressant de près à la période entre 1998 et 2002. Le témoin a avoué qu’à cette époque, alors adolescent, il « fumait du cannabis », et volait parfois de l’argent à ses parents pour en acheter. Mais il a nié en revanche toute « addiction ». Preuve en est selon lui, le fait de mettre un terme à ces pratiques de sa propre initiative, dès son entrée au GPP fin 2002.

Le témoin est « un être humain » rappelle le président

« Avez-vous eu des périodes de dépression ? », a ensuite demandé l’avocat de la défense, obtenant une réponse négative. « Vous aviez des pulsions violentes ? » a insisté Andreas O’Shea. « Je suis une personne de nature impulsive mais je ne peux pas me qualifier comme une personne violente », a répliqué le témoin. S’il a admis avoir « commis des actes de violence en 2003 », l’ancien paramilitaire a voulu préciser « qu’il est toujours difficile de faire du mal à quelqu’un ».

Alors que les questions se poursuivaient sur ce même thème, le bureau de la procureure est finalement intervenu. Son reproche : la défense chercherait à utiliser sans le dire un rapport psychiatrique sur lequel les parties ne sont pas autorisées à poser des questions. Il s’agit « d’un témoin qui a admis avoir tué des civils », a par ailleurs rappelé Éric MacDonald. « La personnalité joue un rôle mais il faut revenir sur les faits », a-t-il encore argumenté. « Nous frôlons l’humiliation du témoin » a de son côté tranché le juge président, insistant sur le fait qu’il s’agissait « d’un être humain ».

Le GPP officiellement dissout en 2003

Rebondissant sur le sujet des violences et exactions commises par des membres du GPP en 2003, l’avocat de Laurent Gbagbo s’est ensuite concentré sur la réaction du gouvernement face à ces pratiques. Le témoin a expliqué que le GPP avait été remis à l’ordre par les autorités militaires suite à des actes illégaux comme des vols répétés notamment. « Le gouvernement a interdit le GPP ? », a demandé Andreas O’Shea. « Non », a répondu le témoin. L’avocat a alors présenté un extrait du journal officiel de l’époque, qui faisait mention de la « dissolution » du groupe paramilitaire à la suite de ces « violations des droits de l’homme ». Le témoin a expliqué que les activités du GPP avaient bel et bien continué. Selon ses dires, les autorités avaient décidé de « délocaliser » la base du groupe paramilitaire et non de le dissoudre.

« Mon cerveau n’est pas un ordinateur »

Plus tôt dans la journée, la défense de Charles Blé Goudé avait de son côté posé ses dernières questions au témoin, le cuisinant à nouveau sur ses contradictions. « Mon cerveau n’est pas un ordinateur. Je ne peux pas me souvenir de tout », s’était défendu l’ancien numéro deux du GPP, sommé une nouvelle fois de s’expliquer sur ses déclarations antérieures discordantes.

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