Côte-d’Ivoire Gabiadji: Libéré après 3 ans de prison, l’ex S/préfet Kaphet Gnako meurt dans la désolation

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Août 2012- 24 décembre 2015, après plus de 3 années de détention préventive où tu as été arrêté et déféré dans ta tenue de Sous-Préfet, tu recouvrais la liberté dans un état de santé délabré. À peine 9 mois de liberté provisoire, Dieu t’arrache du milieu des siens en laissant un grand vide à peine comblé. Nous te pleurons papa Kaphet Gnako Aimé. Repose en paix et que Dieu console les siens et toute la famille des détenus politiques.

Accusé de connivence avec l’ennemi: L’arrestation du sous-préfet de Gabiadji livre ses secrets
LG Infos

Dans notre édition de lundi, nous retracions le film de l’enlèvement du sous-préfet de Gabiadji par les Frci. Qui l’ont entrainé dans un traquenard, à Touih, village situé à 40 km de Gabiadji, dans le département de San Pedro. Région productrice de cacao et abritant le deuxième port du pays. Quand on sait que le racket est érigé en règle par nos hommes en tenue, l’empêcheur de tourner en rond est vite neutralisé. Pour montrer toute face hideuse des comploteurs, commençons par dire que le sous-préfet Kathet Gnakot Aimé a passé six (6) mois à la Pisam dont 3 mois dans le coma. Il en est ressorti avec des séquelles. En ce moment même, il est encore sous traitement. Comment cet administrateur amoindri par la maladie est-il devenu l’ennemi des Frci du capitaine Bema Ouattara ?

En effet, selon des sources généralement bien informées, en 2011, lors de l’offensive des hommes de Ouattara vers le Sud, le sous-préfet, ne se reprochant rien, est resté sur place jusqu’à ce que la région tombe aux mains des Frci. Il fut arrêté, malmené et dépouillé de tout. Malgré tout, l’homme au service de la Côte d’Ivoire n’a pas abandonné son poste. On dit même qu’au fil des mois, il a gagné la sympathie des hommes de Ouattara. Et c’est fort de l’oreille attentive que ceux-ci lui accordent qu’il a jugé utile de servir de trait d’union entre les populations et les Frci. Pour pacifier la cohabitation, il a initié plusieurs réunions entre l’armée de Béma et les populations. N’empêche, les grincements de dents ne manquaient pas face aux agissements des soldats.

Investi du rôle de médiateur, il négociait souvent la libération de tel ou tel, injustement arrêté. Ce comportement à la mère Théresa n’est pas toujours du goût des Frci. Selon des indiscrétions, ces derniers ont juré d’avoir sa peau. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase des conspirateurs, c’est la réunion qu’il a convoquée le jeudi 23 août 2012, un jour avant son arrestation. Tout est parti du rassemblement des Harris de la région à Gabiadji. Ce jour, selon des témoins, les Dozo se sont livré à des danses guerrières sur le lieu du rassemblement des Harris et ont procédé à l’arrestation de 6 fidèles. Il a fallu l’intervention du représentant de Ouattara pour qu’ils recouvrent la liberté. Ce même jour, le responsable du Fpi, Beugré Donatien, prédicateur Harris, et son frère Popo Gérard sont enlevés à leur domicile, à 5 heures du matin. Suivi du chef des Gouro, Botty Bi Ba Ernest et deux personnes dont les identités ne nous ont pas été révélées. C’est face à ces arrestations tous azimuts et aux rumeurs de cache d’armes que le sous-préfet a convoqué les chefs de communautés, les Frci et l’Onuci pour décrisper l’atmosphère très lourde.

Son initiative a été appréciée de tous, mais pas sincèrement. En tout cas, pour les Frci. Le sous-préfet venait de franchir la ligne rouge du très puissant capitaine Béma, celui qui, au dire de nos sources, règne en caudillo sur le Bas-Sassandra. Qui plus est, le chef de Gabiadji, Barthélémy Dagnon, militant assidu du Rdr, celui qui a fait des ventes de lots un vrai business, n’est pas en odeur de sainteté avec le sous-préfet, depuis que ce dernier lui a retiré le miel de la bouche, par la création d’un comité d’attribution de lots. Dagnon est accusé d’avoir tiré les ficelles dans la diabolisation du sous-préfet. Le présentant comme de mèche avec l’ennemi. L’un mis dans l’autre, les Frci ont saisi l’occasion pour régler des comptes à un sous-préfet dont on dit qu’il s’est toujours mis au-dessus de la mêlée. Fort de l’aura qu’il a dans sa population, une marche pour réclamer sa libération serait en gestation. Contrairement aux allégations d’un confrère qui parle de ouf de soulagement pour créditer le complot.

Tché Bi Tché
27 avril 2016

COTE D’IVOIRE: Aimé kaphet gnako, le sous-préfet raconte sa souffrance

Aimé kaphet gnako, le sous-préfet raconte sa souffrance

Le vendredi 22 avril dernier, à la Fondation Friedrich Neumann, à Cocody, s’est déroulée la cérémonie de lancement du projet de monitoring des détentions avant-procès en Côte d’Ivoire. C’était en présence de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme telles que l’Observatoire ivoirien des droits de l’Homme(Oidh), l’Acat-Ci, Osiwa et le ministère de la Justice, la division des droits de l’Homme de l’Onuci et la Commission nationale des droits de l’Homme(Cndh). Cette rencontre a été marquée par le témoignage de l’ancien sous-préfet de Gabiadji, libéré après trois ans et quatre mois de détention sans jugement pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

Toutes ces entités vont collaborer pour conduire ce projet qui vise à améliorer le processus de l’arrestation, de la garde à vue, de l’audition et de la détention avant le procès. Dans son exposé, l’ex-sous-préfet de Gabiadji, dans le département de San Pedro, Aimé Kaphet Gnako, invité par l’Observatoire ivoirien des droits de l’Homme qui présentait son projet sur la garde à vue et les détentions avant procès a raconté tous les supplices qu’il a subis à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

« J’étais sous traitement médical quand on m’arrêtait. A la Maca, je ne suivais plus mon traitement. Je suis donc devenu hypertendu en prison et maintenant je suis diabétique », a indiqué l’administrateur civil. A l’en croire, il a été arrêté, vêtu de sa tenue de sous-préfet, le 24 août 2012, alors qu’il s’apprêtait à regagner ses bureaux pour le service. Et il a été par la suite conduit de Gabiadji à la Maca.

Il a éclairé l’opinion sur les conditions de son séjour carcéral. « Il y a une surpopulation à la Maca. La vie y est tellement difficile qu’il ne faut pas souhaiter la prison à son semblable. On côtoie les grands bandits. Un jour dans la cour de la Maca, des détenus se sont jetés sur moi. Ils m’ont fouillé les poches et ont tout pris sur moi. La vie en prison est une vie de non droit. Je suis un témoin vivant puis que j’en ai été victime. De là où je viens, il y a encore des gens. Il ne faut pas maintenir longtemps dans les liens de la détention », a-t-dit.

Aimé Kaphet Gnako a indiqué avoir perdu son poste et son salaire est suspendu. L’amertume dans la voix, il a ajouté qu’il ne pouvait plus payer l’école de ses enfants malgré leurs bons résultats. La stigmatisation a été le lot quotidien de sa femme et ses enfants pendant qu’il était incarcéré, a-t-on appris.

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