A la Une selon RFI: Côte d’Ivoire, anticonstitutionnellement vôtre…

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Par Norbert Navarro RFI

Vingt-trois formations politiques disent « niet » au projet de réforme de la constitution en Côte d’Ivoire. Réunis dans une coalition, ces vingt-trois formations ont, d’une seule voix d’une seule, rejeté le projet de révision de la constitution ivoirienne, qu’ils estiment antidémocratique. Redoutant que « les mêmes causent produisent les mêmes effets », les vingt-trois demandent au Chef de l’Etat de retirer ce projet afin d’éviter ce qu’ils appellent les « erreurs du passé », voulant « épargner » au pays une « nouvelle crise socio-politique aux conséquences imprévisibles ».

L’événement, bien entendu, est à la Une de la presse ivoirienne. A commencer par celle du journal Le Nouveau Réveil. Ce quotidien proche du PDCI, l’ancien parti unique, et qui est donc, de ce fait, tout à la fois proche de l’actuel pouvoir et de celui qui avait, jadis, forgé la très controversée actuelle constitution,… Le Nouveau Réveil, donc, met en exergue la « réplique du gouvernement », via une déclaration du porte-parole du dit-gouvernement. Lequel Bruno Koné le déclare tout de go à la Une de ce journal : « Ces 23 partis d’opposition ont tous tort ! ».

En Côte d’Ivoire, ce matin, les collectionneurs d’autographes préfèreront sans doute se rabattre sur la Une du journal L’Intelligent d’Abidjan, puisque ce quotidien – chose étrange et journalistiquement à tout le moins originale – reproduit le fac-simile des signatures de « ces 23 », comme il les appelle, suggérant ainsi, qui sait, que l’opposition ivoirienne est florissante. Mais parmi ces vingt-trois, L’Intelligent d’Abidjan accorde une place à part au FPI, parti fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo. Dans une « opinion » que publie son site Internet, ce quotidien abidjanais rappelle que le FPI est ce parti politique qui a « obligé Félix Houphouët-Boigny à accepter le multipartisme, le vote à 18 ans et le bulletin unique ». Il souligne ce qu’il appelle la « manière dont le FPI gère les événements chauds ». Et il estime que les « espoirs de résolution des conflits sont permis, dont certainement la mise en place d’une constitution nouvelle. Pour le moment une nouvelle n’est pas nécessaire », en conclut énigmatiquement le confrère.

Côte d’Ivoire : les gènes conflictuels de la constitution

Dans la sous-région, cette affaire constitutionnelle en Côte d’Ivoire ne manque pas de surprendre. Au Burkina Faso, voisin mitoyen de la Côte d’ivoire, le journal Le Pays met en garde contre une Constitution « qui explosera plus tard comme une bombe à retardement aux “conséquences imprévisibles”. Il faut donc rectifier le tir pendant qu’il est encore temps, plutôt que de vouloir opérer un passage en force », enjoint ce quotidien ouagalais.

L’Observateur Paalga craint lui aussi que, dans ce projet de réforme constitutionnelle, la vice-présidence et le Sénat ne soient que des « gadgets tout juste destinés à récompenser quelques amis politiques… En tout cas, complète ce quotidien ouagalais, si le but de la manœuvre […] est d’extirper tous les gènes “confligènes” encore présents dans cette Constitution, c’est loupé dès le départ car le projet lui-même s’avère “confligène” avec ces 23 partis d’opposition tout vent debout ».

Maître Jacques arbitrant les protagonistes ivoiriens dans cette affaire, le journal guinéen en ligne Le Djely.com, de son côté, approuve notamment le projet de création d’un poste de vice-président de la République. Car, énonce-t-il, « les opposants perdent quelque peu de vue le fait qu’une constitution est appelée à supplanter le régime d’Alassane Ouattara et qu’au gré des changements, un d’entre eux pourrait un jour être à sa place. Par ailleurs, on peut même envisager la possibilité que le ticket présidentiel soit un instrument de réconciliation nationale, en faisant en sorte ce soit le moyen de faire coexister dans un même régime politique les deux grands ensembles sociopolitiques du pays », anticipe donc Le Djely.com.

Qui accorde en revanche du crédit au vingt-trois, quand ils rejettent l’idée de permettre au président de désigner le tiers des membres du Sénat et trouve que « sur ce point, la critique des opposants est des plus fondées ». Enfin, Le Djely.com approuve l’idée d’une Assemblée constituante, qu’il juge « tout à fait pertinente », se méfiant de « l’épidémie de tripatouillite qui fait rage en Afrique ».

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