L’Annexion de la Crimée et le futur d’une Afrique malade

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Isaac Pierre BANGORET (Écrivain

Du 4 au 11 février 1945 se réunirent, dans le grand secret, à Yalta, en Crimée, Winston Churchill (du Royaume Uni) Joseph Staline (URSS) et Franklin Roosevelt (des États-Unis) pour partager le monde en deux blocs; le bloc de l’Est et celui de l’Ouest. Du 30 décembre 1922 au 26 décembre 1991, date de sa dissolution, le bloc de l’Est: l’URSS (l’Union des Républiques socialistes soviétiques) comptait 15 pays fédérés dont l’Ukraine. De 1947 jusqu’à la fin de l’URSS, ce choix politique opéré par les grandes puissances introduisit les nations dans une période de tension politique, idéologique, appelée guerre froide, qui opposait principalement les deux superpuissances; les États-Unis à l’URSS et leurs alliés respectifs. La guerre froide eut, en effet, un gros impact sur le développement de notre continent parce que les leaders politiques africains furent suffoqués par les Métropoles occidentales. «Nous entendons faire prévaloir un socialisme authentique qui préfère aux formules doctrinales la défense réelle de l’intér êt public» écrivait Philippe Yacé, président de l’Assemblée nationale ivoirienne sous Houphouët Boigny, à l’aube des «indépendances des pays africains». Cette phrase est restée pratiquement, jusqu’à ce jour, lettre morte, puisque le PDCI, parti politique de cette autorité ivoirienne a fini par défendre les intér êts du patronat, de la France. Avec l’annexion récente de la Crimée par la Russie de Poutine et son désir de restaurer les ruines de l’URSS, nous nous acheminons vers une nouvelle forme de guerre froide différente de la première; plus violente et agressive, puisque ce nouvel ordre mondial n’est pas le fruit d’accords bilatéraux.

Quelles conséquences un nouvel ordre mondial suscité par l’annexion de la Crimée aura-t-il sur une Afrique malade? Face à un malade tout médecin se doit d’adopter une démarche diagnostique puis décisionnelle. La démarche diagnostique consiste à gérer surtout l’incertitude du diagnostic en trois étapes. Le médecin recueille assez d’informations sur le malade à partir des symptômes si la maladie n’est pas asymptomatique. Il infirme certaines hypothèses grâce à un plateau technique approprié. Il choisit enfin les informations qui lui permettent de dresser un tableau complet du malade, le syndrome de la maladie: l’état pathologique. La démarche décisionnelle qui vient couronner celle diagnostique consistera à conseiller le malade, à lui prescrire les remèdes appropriés et à l’orienter. Lorsque nous transférons ces deux démarches du médecin dans le monde politique, nous constatons qu’en Afrique nous sommes face à une pandémie, à une épidémie qui atteint un grand nombre de nations: le Mali, la Centrafrique, le Rwanda, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’objet de notre étude.

Les symptômes de cette pandémie sont les guerres fratricides ou religieuses.

Notre première démarche nous amène à nous demander comment s’est introduit et s’est reproduit le virus politique dans le tissu ivoirien (africain) pour conduire aux sympt ômes relevés: guerres fratricides ou religieuses?La politique d’assimilation est le virus introduit par De Gaulle durant la conférence de Brazzaville tenue du 30 janvier au 8 février 1944, pour déterminer le rôle et l’avenir de l’empire colonial français. Cette politique a permis de passer d’une colonisation physique à une colonisation politique, psychologique. Durant la colonisation, la maladie de l’Afrique était symptomatique; les signes de la colonisation visibles. L’on peut évoquer les travaux forcés ou les pressions politiques de la France sur le président Houphouët apparenté à un «Stalinien» parce que proche du Parti communiste français, du bloc soviétique. En 1950, la quasitotalité de la direction du PDCI est arr êtée, et de dangereuses émeutes éclatent en Côte d’Ivoire. Houphouët, obligé de rompre avec le parti communiste, s’orienta vers une gauche modérée puis vers la droite française. Il lui fut impossible de construire un socialisme authentique au service de tous les Ivoiriens. Il se contenta de pratiquer la «politique de l’adepte des arachides torréfiées» puisque l’article 78 de la Communauté franco-africaine et l’article 55 de la Constitution française de 1958 fait des colonies africaines la propriété de la France.

Houphouët, en torréfiant les arachides de la Côte d’Ivoire «propriété» de la France, mettait de c ôté quelques grains dans le but de réaliser au moins, en partie, ce socialisme authentique au service du peuple. Il suffit d’évoquer la gratuité de l’école, la scolarisation à 100%, l’autosuffisance alimentaire etc… Avec la politique d’assimilation, la maladie de la Côte d’Ivoire (de l’Afrique) était devenue asymptomatique puisqu’elle consistait à vider les Africains de leur essence, de leur nature, de leur identité. Ils devenaient progressivement des personnes passives. Cette politique comparable au virus du SIDA; le Syndrome d’Immunodéficience Acquise s’attaque à tout le système de défense de l’organisme. Le PDCI, autrefois parti socialiste modéré, atteint par ce virus, ne survit aujourd’hui que grâce aux remèdes de la France. Ce n’est donc pas étonnant qu’un Houphouët amer (socialiste modéré) ait tissé, à la longue, avec le président socialiste Gbagbo une certaine affinité. Lorsque nous observons l’évolution des différentes crises en Côte d’Ivoire, au Rwanda, en Centrafrique, nous nous rendons compte que la psychose des coups d’État entretenus volontairement par la France incitent les membres d’une tribu ou d’une communauté à conserver le pouvoir politique. Ne sont nommés aux postes-clés que des hommes de confiance, membres du clan. Le but de la politique française est de faire indirectement de ces tribus ou de ces communautés détentrices du pouvoir politique des victimes potentiels, et de créer ainsi les conditions d’une révolte de la part des autres tribus qui conduit inéluctablement à des guerres fratricides ou religieuses. Dans tous les pays africains, on assiste au même scénario; une fois qu’éclatent les conflits, l’Armée française vole au secours des victimes et justifie ainsi l’invasion militaire de leurs ex-colonies. En Côte d’Ivoire, l’Armée française prétendait être venue pour protéger les fils du Nord sur le point d’ être exterminés par les partisans du président Laurent Gbagbo. En Centrafrique, la France vole au secours des musulmans, une minorité installée au pouvoir par le biais d’amis africains acquis à la cause de la Métropole. Poutine a aussi envahi la Crimée en attirant l’opinion publique internationale sur les dangers que courent les russophones face aux fascistes de Kiev: les mêmes causes produisent les mêmes effets.

La maladie de l’Afrique est asymptomatique, quand il n’y a aucune résistance à la politique d’assimilation de la France. Elle devient symptomatique quand des partis politiques comme le FPI luttent pour reconstituer le tissu social ivoirien voire africain. La défense de la Patrie mène automatiquement en Afrique francophone à des guerres fratricides ou religieuses conduites toujours par un homme politique ou un groupe de rebelles soutenu par la France. Face à ce nouvel ordre mondial suscité par l’annexion de la Crimée, l’Afrique court le risque d’ être exposée à des guerres fratricides plus virulentes parce que face au fascisme pratiqué déjà en Afrique par les partis de droite et de gauche de la France par le biais des gouvernements qu’ils installent, certains Africains seront tentés de se tourner vers un bloc communiste opposé au bloc de l’Ouest, où les populations sont de plus en plus tentées d’installer à la tête de leur nation des partis politiques d’extrême droite: le cas de Marine Le Pen en France. Entre les partis d’extr ême droite et le fascisme il n’y a en fait qu’un pas. Le protectionnisme pratiqué par la France en Afrique, à tous les niveaux de la société, ne pourra venir à bout d’un communisme chinois ou russe aujourd’hui partisan du libéralisme économique. La France se doit de mettre fin aux protectionnismes suivants: le protectionnisme politique (refus du droit de vote des Ivoiriens, des Africains), le protectionnisme économique (refus des accords économiques justes), le protectionnisme culturel qui consiste à imposer aux Africains des us et coutumes incompatibles avec nos réalités, le protectionnisme spirituel (les gouvernants africains obligés d’appartenir à la Maçonnerie, ceux qui en sortent ou révèlent leurs secrets sont menacés – voir le discours de Marc Henry Levy sur Youtube). Ces milliers de militaires français démobilisés infiltrés en Afrique pour poursuivre l’œuvre du colonel français, le mercenaire Bob Denard ne pourront venir à bout de jeunes africains scolarisés, assoiffés de liberté, d’autonomie, potentiels alliés des communistes. L’Afrique doit se frayer une voie conforme à ses réalités, à ses besoins, car son véritable développement repose sur le respect du Droit fondamental, des valeurs démocratiques comme l’a eu maintes fois à le souligner le président Laurent Gbagbo dont la libération est fondamentale pour tous, dans ce nouveau contexte politique global. Le syndrome de la maladie de l’Afrique est politique d’assimilation + victimisation + guerres fratricides + intervention de l’Armée française + CPI + négation du droit de vote au peuple + suppression des Institutions républicaines + installation d’un assimilé à la t ête du pays sous la tutelle de l’ONU.

Les remèdes à prescrire à l’Afrique malade sont la démocratie, l’unité (la réconciliation), la volonté de se prendre en charge. Le président Laurent Gbagbo favorable à l’unité nationale a concédé à tous l’amnistie, Alassane Ouattara et la France qui ne prospèrent qu’à cause de nos divisions rejettent l’amnistie, ignorant que la Crimée est aussi à nos portes.

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain

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