Côte d’Ivoire – ces Abidjanais qui bravent l’interdiction du téléphone au volant (Reportage)

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Par Edwige Fiende

Stationné devant l’église Catholique Notre Dame de Treichville (Sud Abidjan), à bord d’un véhicule, Fulgence Kouassi, la quarantaine, avoue n’avoir “pas arrêté de communiquer au volant”, quatre mois après la mesure d’interdiction du gouvernement ivoirien.

“Moi je n’ai pas arrêté, quant j’arrive sur les autoroutes et qu’il n’y a personne je communique, mais en ville j’évite de décrocher parce que je sais que les forces de l’ordre peuvent me voir”, commente Fulgence Kouassi, à la sortie de l’église, après sa messe.

Le 18 octobre, le gouvernement ivoirien a décidé d’interdire le téléphone portable et les kits main libre au volant pour réduire les accidents de la route. Tout contrevenant à cette mesure devra s’acquitter d’une amende de 10.000 FCFA.

Sur les routes à Abidjan, il n’est pas rare de voir circuler des automobilistes volant dans une main et téléphone collée à l’oreille. La plupart est informée mais continue de braver cette mesure.

“C’est une bonne chose, c’est pour notre sécurité mais en même temps parfois euh, bégaie Marie-Pascale Konan, la trentaine, une comptable dans une clinique à Treichville, enregistrant une facture, “il ya des urgences pour lesquelles on ne peut pas ne pas décrocher son téléphone”.

“Nous avons appelé un de nos médecins pour un accouchement mais il n’a pu décrocher parce qu’il était au volant, le temps de décrocher, la dame avait déjà accouchée, ce sont les revers de la mesure’’, déplore-t-elle.

Assis sur un banc, encaissant des taxes aux chauffeurs de taxis reliant Koumassi à Marcory (Sud Abidjan), Issouf Cissé, acquiesce que “c’est une bonne chose”, arguant que “si les forces de l’ordre peuvent être vigilantes ça va éviter plus d’accidents, dans un français approximatif.

Les policiers “impuissants”

Les forces de l’ordre chargées de faire respecter la décision se disent souvent impuissantes face à l’agressivité des automobilistes et au “manque de barrages”.

“Certains refusent catégoriquement de s’arrêter quand ils sont pris en infraction, ils ne sont pas tous coopérants”, a confié un agent de police assurant la fluidité de la circulation au grand carrefour de Koumassi, une commune au sud d’Abidjan.

“Ce n’est pas encore rentré dans les mœurs, les conditions d’application de la mesure sont très difficiles, il n’y pas de barrages pour traquer les contrevenants”, soutient-il.

“Quand nous sommes en civil, on voit que la mesure n’est pas du tout respectée, mais en tenue, certains jettent leurs téléphones dans leurs véhicules quant ils nous voient”, lance un autre agent accoudé à sa moto de service.

Approché non loin de ce carrefour, Isidore Zouin, un chauffeur de taxi reliant des communes du sud d’Abidjan (Treichville-Marcory) accuse les policiers “d’abuser” parfois.

“Les policiers abusent souvent, étant garé en train de communiquer on vous prend les pièces, ce n’est pas normal, ils m’ont pris une fois, mais après négociation, ils m’ont fait payé 2.000 F cfa’’ regrette-t-il.

Interrogé sur la question, un officier de police joint au téléphone avoue que “ça existe, il ya des automobilistes qui expliquent beaucoup de problèmes quant on les prend en infraction, on est obligé de gérer, c’est une faiblesse de la mesure”. “Les carnets de contravention ne sont pas à disposition de tout les agents, il n’ya en pas assez”, justifie t-il.

EFI

Alerte-info.net

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