Côte d’Ivoire – Un an après le 11 avril 2011 la grande désillusion ! Ce qui reste de l’armée

Le nouveau courrier

11 avril 2011 – 10 avril 2011, il y a un an, la Côte d’Ivoire s’écroulait par la volonté de la France qui est entrée en guerre clandestine contre les Institutions de la République, au nom de la «démocratie par les armes».

Déstructurant ainsi tous les fondamentaux de la jeune nation qui avait pourtant qualitativement effectué des avancées démocratiques. Retour sur une déstructuration profonde du secteur défense et sécurité, avec en prime une insécurité rapprochée pour les Ivoiriens !

Au plus fort de la crise dite post-électorale, les forces de défense et de sécurité (Fds), à l’instar de toutes les institutions de la République, ont fait bloc dans leur ensemble autour de celui-là qui incarnait la République jusqu’au matin du lundi 11 avril 2011 : le président Laurent Gbagbo. Il faut le reconnaître, les Fds ont mené une résistance héroïque contre plusieurs armées réunies, à savoir les Fafn, les dozos, les forces françaises et onusiennes, ainsi que les nombreux combattants venus de la sous-région.

Depuis le 11 avril 2011, après l’arrestation du président Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a pris le pouvoir. Et malgré les discours politiques, l’armée est loin d’être réunifiée dans la pratique, d’autant plus que la cohabitation de forces en présence ne signifie guère réunification de l’armée. La faute n’est nullement imputable aussi bien aux ex-Fds qu’aux ex- Fafn rebaptisées Frci (appellation officielle désormais des forces régulières). Le régime actuel est le premier responsable de cette situation de «cohabitation» et non de «réunification » au sien de l’armée.

La police nationale tente de se reconstituer. La plupart de ses locaux à travers le pays ont été saccagés ou incendiés. Et plusieurs commissariats aussi bien à Abidjan que dans plusieurs villes du pays continuent d’«héberger» des éléments des Frci. Même si le régime a pu bénéficier de quelques matériels, pour renforcer la police nationale, le gros du travail reste à faire. Des commissariats sont complètement dépourvus en matériels de bureau, rendant difficile le travail quotidien des agents de sécurité.

Les agents de police sont aujourd’hui assimilés à des vigiles et ne sont policiers que par la simple tenue. Seuls quelques-uns d’entre eux ont le «privilège» de disposer d’une arme. Posséder une arme de service apparait comme un luxe pour les policiers et gendarmes, sous le régime Ouattara. Alors que les supplétifs des Frci, les dozos et autres combattants pro-Ouattara continuent de disposer à souhait de pistolets automatiques, kalachnikovs et autres armes lourdes. Et s’en servent délibérément et à satiété pour traumatiser et imposer leur diktat aux populations dans les villes et villages.

Rattrapage ethnique de rigueur dans l’armée

L’armée ivoirienne d’Houphouët-Boigny à Laurent Gbagbo n’a jamais autant symbolisé l’unité nationale, jusqu’au 11 avril 2011. Et spécifiquement sous le pouvoir du président Laurent Gbagbo où la hiérarchie militaire était la représentation plurielle de la Côte d’Ivoire. Jamais la Côte d’Ivoire n’a autant transpiré une armée ethnique et régionaliste. Avec une hiérarchie militaire qui n’en est pas loin non plus.

Les différents commandements sont pour la plupart aux mains des ressortissants du nord. Et quand ce n’est pas le cas, ils sont automatiquement les «second» des commandants et autres chefs d’unités. Les éléments des Frci sont majoritairement issus du nord du pays et constituent l’ossature de l’armée sous Ouattara. Avec des entités –informelles – dans les moindres localités de la Côte d’Ivoire. Ce régime a réussi l’exploit de disposer de mini camps militaires dans les villages et hameaux du pays et qui ne sont autres que des «milices» à la solde du régime Ouattara.

La déstructuration des forces de défense et de sécurité est à un tel degré que le recrutement à la police et à la gendarmerie se sont faits sur la base des seuls critères ethniques. Ainsi, 300 et 600 Frci ont été admis respectivement à la police nationale et à la gendarmerie nationale, sans que plusieurs de ces éléments ne remplissent le sixième des critères classiques de recrutement.

Dans le même temps, le régime ne cesse de mettre aux arrêts des centaines d’éléments des ex-Fds taxés de pro-Gbagbo ou accusés de fomenter un coup de force. Aujourd’hui, c’est au moins le millier d’éléments des ex- Fds qui sont détenus dans les cachots du régime à travers le pays. Aussi bien au nord du pays qu’Abidjan. Un an après la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara, le sobriquet d’armée mexicaine que la presse internationale avait collé aux Frci, a du mal à se défaire de cette réalité. C’est un fait, l’armée dans sa constitution actuelle est loin de rassurer les Ivoiriens dans leur ensemble qui continuent d’être les victimes des agissements des Frci. Alassane Ouattara, le néo-ministre de la défense et principal promoteur du rattrapage ethnique, mesure-t-il l’ampleur de la tâche qui lui incombe. Les Ivoiriens attendent des actions concrètes visant à construire une armée réellement nationale et au dessus de la prédominance ethnique et régionaliste qui est de mise en ce moment.

Frank Toti

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