La ligue des Droits de l’homme demande de clarifier le statut des pro-Gbagbo en prison

La déclaration publiée hier mercredi de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (Lidho)

1. I. LES FAITS

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO), la Côte d’Ivoire a organisé le dimanche 28 novembre 2010 le second tour de l’élection présidentielle.

Après la brusque montée de tension qui a immédiatement suivi la proclamation des résultats, se traduisant sur le terrain par des affrontements très meurtriers entre les différentes forces armées en présence et notamment par des violences et exactions de toutes sortes sur des populations civiles, la Côte d’Ivoire continue d’être le théâtre de graves violations de droits de l’homme, qui se déclinent entre autres en atteintes au droit à la vie, aux libertés de circulation, de presse, d’opinion, d’expropriation de biens meubles et immeubles (voitures, plantations, etc.) et d’occupation de domiciles privés.

En effet, de façon régulière notre monitoring de la presse et les différents rapports de nos sections font état desdites violations que confirment par ailleurs les organisations internationales de défense des droits de l’homme et de promotion de la démocratie.

Les populations continuent de vivre dans l’angoisse du fait d’une situation sécuritaire qui reste préoccupante et dont les autorités compétentes annoncent la normalisation imminente.

Des domiciles continuent d’être visités et pillés de nuit comme de jour, des familles séquestrées par des hommes armés se réclamant des Forces Républicaines Côte d’Ivoire (FRCI), sous le prétexte de perquisitions à la recherche de caches d’armes qui se terminent bien souvent par des exécutions sommaires de personnes civiles.

Malgré la volonté affichée par les gouvernants de démanteler les barrages « sauvage », le racket continue sur certaines routes du pays.

En dépit du retour de la presse de l’opposition (dont certains sièges sont détruits ou occupés), le paysage médiatique audiovisuel ne s’est pas encore ouvert à toutes les sensibilités politiques.

1. II. ANALYSE

La Lidho constate, que six mois après la proclamation des résultats du deuxième tour de la dernière élection présidentielle et en dépit de la présence des forces armées nationales et internationales commises à la sécurité des populations civiles, la Côte d’Ivoire continue de compter des morts.

La Lidho observe qu’à bien des égards, certaines situations comme les entraves aux libertés d’opinion, de presse, de circulation constituent des entraves à l’expression de la démocratie que rien ne saurait justifier dans le contexte actuel.

La Lidho estime que toutes ces pratiques, attentatoires aux droits de l’homme et à la dignité humaine, et qui pourraient fausser fortement le jeu démocratique ne s’inscrivent assurément pas dans une logique de réconciliation nationale ni de renforcement de la cohésion nationale présentés comme des axes majeurs de la politique du gouvernement de Côte d’Ivoire.

La Lidho salue cependant l’ouverture des enquêtes préliminaires sur les violations de droits de l’homme perpétrées à l’ouest du pays et se félicite de la présence effective des juges sur le terrain dont les conclusions des travaux devront aboutir in fine à ouvrir les procédures judiciaires à l’effet de rechercher, trouver et sanctionner conformément à la loi tous les violateurs de Droits de l’homme.

1. III. RECOMMANDATIONS

Tout en l’encourageant dans ses efforts de normalisation de la vie sociale, la Lidho demande au gouvernement de Côte d’Ivoire :

– de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des populations civiles ;

– de faire cesser immédiatement toutes les exactions sur les populations sans discrimination et de créer les conditions de l’expression de toutes les libertés ;

– de clarifier le statut juridique des cadres de l’ex-parti au pouvoir détenus dans les différentes régions du pays, en inculquant formellement ceux qui doivent l’être, et en les libérant ceux contre qui ne pèserait aucune charge ;

– de contraindre les éléments des Forces Républicaines de Cote d’Ivoire (FRCI) qui occupent illégalement les domiciles privés sur toute l’étendue du territoire, à les libérer sans délai au profit de leurs propriétaires ;

– d’engager de façon urgente le processus de réorganisation de l’appareil sécuritaire afin de mettre son fonctionnement en harmonie avec les exigences de professionnalisme et d’efficacité.

Quant à la communauté internationale, la Lidho l’invite à continuer d’appuyer le gouvernement de Côte d’Ivoire dans sa volonté de consolider la cohésion sociale par le biais de mécanismes internes qui préservent la démocratie et la paix et favorisent la réconciliation durable de tous les Ivoiriens.

Fait à Abidjan, le 15 juin 2011

Pour le B.E.N de la LIDHO

Le Président

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