Chu de Cocody Centre d’hémodialyse: Les insuffisants rénaux sous-dialysés

Le centre d’hémodialyse du Chu de Cocody connait un manque de générateurs de dialyses au grand désarroi des insuffisants rénaux confrontés à une rupture de stock de médicaments.

Ce sont des insuffisants rénaux à la grise mine qui sont assis ce jeudi après midi au centre d’hémodialyse du Service d’aide médicale d’urgence (Samu) au Chu de Cocody. Installés devant les trois modules de dialyse, amaigris, l’air fatigués à l’extrême, ceux-ci ne cachent pas leur dépit.

Et pour cause : les différentes machines de dialyse de ce centre ne fonctionnent plus depuis belle lurette. Conséquence, le temps de dialyse est ramené à trois heures au lieu de quatre heures. En effet au module 2, pour 13 patients, cinq générateurs de dialyses sur sept sont hors service.

Cette situation amène les 13 patients à passer deux par deux afin de faire leur dialyse. Toute chose qui réduit leur temps de dialyse. « Nous faisons partie du groupe de lundi et jeudi. On est maintenant dialysés pendant trois heures de temps au lieu de quatre heures de temps comme auparavant. Ce qui fait que je me sens toujours fatiguée et je ressens un malaise général dans tout le corps. Ce qui est normal quand on n’est pas bien nettoyé», explique tristement Zoubi Elisabeth une patiente du module 2. Au module 3, le constat est le même. Sur cinq générateurs de dialyse pour 10 patients, seulement trois fonctionnent. Les deux autres sont complètement démantelés. Pour pallier cette situation, certains dialysés ont trouvé une astuce. Ainsi, 14 patients viennent se faire dialyser les nuits afin d’avoir à leur disposition, toutes les machines qui sont en bon état. Seulement, cette pratique n’est pas sans risque. «On doit faire normalement 38 dialyses par jour si tout était normal. Donc à cause de cette situation, on procède ainsi. On fait deux branchements, mais cette pratique est aussi risquée car la nuit, il n’y a pas de techniciens et de médecins. Si une machine tombe en panne, tout est remis en cause», explique un patient sous le couvert de l’anonymat. Selon un médecin, en Côte d’Ivoire, les insuffisants rénaux sont soumis à deux séances de dialyse par semaine au lieu de trois heures de séances de quatre heures au moins. « Ici au Samu on a convenu de deux séances de cinq heures mais avec toutes les difficultés qu’on a, c’est devenu deux séances de deux heures et demie ou trois heures, cela dépend du nombre de machines », explique le président des dialysés de Côte d’Ivoire Essan Albert Ettien. Cependant, cette sous-dialyse a de graves répercussions sur la santé des dialysés. Selon Essan Albert, les sous dialysés souffrent d’urée pleine. «On arrive pas à uriner et donc l’urine reste à l’intérieur. On ne peut pas vaquer à nos activités quotidiennes. Nous avons l’aspect moribond à l’opposé de nos congénères qui se font soigner en clinique et qui ont nettement meilleure mine que nous», explique-t-il. Effectivement, les dialysés qui sont présents ce jeudi au centre d’hémodialyse n’ont pas bonne mine. Toutefois, la situation précaire que les dialysés vivent actuellement risque de s’aggraver d’ici la semaine prochaine par manque de médicaments.

Manque de médicaments et de nécessaires

Il y a deux semaines de cela, les insuffisants rénaux ont été confrontés à une rupture drastique de stock de matériels de dialyse sur tout le territoire national tels que le bicarbonate, le dialyseur qui comprend la ligne et le rein artificiel, l’eau salée et l’acide. Pendant ces deux semaines, selon le président des dialysés, certains patients ont du s’abstenir de leurs deux séances, ce qui a provoqués de nombreux morts. « Nous n’avons pas fait le point de ceux qui sont morts mais entre malades quand on ne voit plus l’un d’entre nous, on sait qu’il est mort. On a eu entre autres des décès dont Yélly, Kessaou, le vieux Traoré et j’en passe. Et il y a encore plusieurs d’entre nous qu’on ne voit plus », évoque-t-il tristement. Et pourtant selon les spécialistes, pour des insuffisants rénaux chroniques, manquer deux séances de dialyse est très alarmant. Il faut un mois de dialyse constante pour récupérer. Ce qui n’a pas été le cas des dialysés du Samu. «Ces deux dernières semaines, les médicaments sont totalement finis sur tout le territoire national. Nous avions l’argent mais ne pouvions pas acheter le rein. On même voulu passer des commandes et c’est nous même qui partions voir les fournisseurs. Il était impossible de se procurer le matériel. Même dans les cliniques, on ne pouvait plus en avoir car eux aussi était en rupture de stock. Avec 2500Fcfa, il était possible d’avoir accès au matériel de dialyse sans l’eau salée. Mais il y a deux semaines, j’ai eu le tout à 25.000Fcfa. Tu peux avoir l’argent et ne pas savoir où l’acheter », révèle le président des dialysés. Il poursuit en révélant que bien qu’ils aient eu finalement accès aux médicaments pour deux semaines, si rien n’est fait d’ici la semaine prochaine, il y aura encore un manque crucial de médicaments. Car, « on ne trouve pas ces médicaments en pharmacies’’. Cependant, selon une source introduite au Samu, cette rupture de stock serait survenue suite au remaniement du gouvernement et au changement de directeur du Samu. «L’ancien directeur du Samu, Jacques Sissoko avait eu un contrat avec une structure dénommée Brown qui devait livrer tout le matériel nécessaire aux dialyses. L’accord a été signé avec l’aval de l’ancien ministre de l’Economie et des finances, Charles Diby. Mais avec le départ de celui-ci, sa signature n’était plus reconnue et donc Brown a refusé de donner le matériel », dévoile la source. Toutefois, le chef de centre d’hémodialyse, Dr Kouadio Mathurin a refusé de s’exprimer sur la question de manque de médicaments affirmant que ceux-ci devaient être disponibles hier.

Napargalè Marie

L’Expression

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