Sokouri Bohui: « Avec ses seuls partisans inscrits, Gbagbo peut gagner dès le 1er tour »

Sokouri Bohui aux ivoiriens à propos de la liste électorale définitive :“Avec ses seuls partisans inscrits, Gbagbo peut gagner dès le 1er tour”
Dans ses «Causeries du vendredi» de cette semaine, le député Martin Sokouri Bohui parle de la liste électorale définitive et appelle les Ivoiriens à voter massivement pour le président Gbagbo le 31 octobre prochain.
Notre Voie : Le président de la République a signé, jeudi, le décret de validation de la liste électorale définitive. Vous qui, depuis toujours, vous battez pour extraire les fraudeurs de cette liste, pensez-vous que cette liste validée est fiable ? Nous posons cette question parce qu’ils sont nombreux, les ivoiriens qui sont inquiets face à l’ampleur de la fraude que vous avez toujours dénoncée.
Martin Sokouri Bohui : Vous parlez de moi en tant que Secrétaire national chargé des élections au Fpi, je pense. Et donc si en cette qualité, nous nous sommes battu pour qu’on ait une liste fiable et qu’aujourd’hui, notre candidat, celui pour lequel nous nous battons, signe un décret pour la validation de cette liste, vous devriez comprendre qu’il s’agit d’une liste acceptée par tous. Cela dit, je voudrais souligner que notre combat se situe dans le cadre de la transparente des élections. En d’autres termes, c’est la transparence des élections qui guide toute notre action. Et nous nous battrons jusqu’au dernier jour pour que ces élections, qui sont censées sortir le pays de la grave crise qu’il connaît, soient effectivement transparentes. Je voudrais saluer le travail de la Cei à qui la Sagem et l’Ins remettront officiellement la liste électorale définitive ce jour. Ce que je puis dire, pour rassurer l’ensemble des ivoiriens, en tant qu’acteur du processus électoral, c’est que les quelques fraudeurs qui ont pu passer à travers les mailles du filet ne peuvent pas faire basculer le résultat de cette élection dans le camp de l’opposition. Avec ses seuls partisans inscrits sur cette liste électorale, le président Gbagbo peut gagner dès le 1er tour. Mais, pour que cela soit, il faut que chaque ivoirien inscrit vote effectivement le 31 octobre. Donc la balle est maintenant dans notre camp. Chaque ivoirien doit faire de ces élections son affaire. Car il s’agit d’achever en beauté le combat que les patriotes ivoiriens ont mené pour que ce pays ne sombre pas. Il s’agit, pour chaque ivoirien de poser un acte historique qui consiste à libérer totalement notre pays des prédateurs. Des gens ont voulu faire de nous des étrangers dans notre propre pays le 19 septembre 2002. Est-ce que nous pouvons accepter cela ? Dans quel pays peut-on accepter cela? Ces élections doivent donc définitivement mettre fin au rêve diabolique de ceux qui veulent livrer notre pays à l’extérieur. C’est la raison pour laquelle tous les ivoiriens inscrits sur la liste électorale doivent se mobili-ser le 31 octobre 2010, jour de la présidentielle, autour de la candidature du président Gbagbo. Ce jour-là, les Ivoiriens inscrits ne doivent avoir aucun autre rendez-vous que celui du vote. Chaque voix aura son importance, car il y va de l’avenir de notre pays et de celui de l’Afrique toute entière.

N.V. : J’observe, depuis un moment, que le RDR se voit obliger de répondre à vos propos dans vos «Causeries du vendredi». Samedi dernier, le RDR a estimé qu’en qualifiant le président Gbagbo d’homme exceptionnel, vous insultez les ivoiriens. Qu’en dites-vous ?
M.S.B. : Je l’ai déjà dit et je le répète, je suis heureux de voir le RDR dans ce registre de débat contradictoire même s’il déverse des mensonges s’il ne fait de l’enfantillage. Mais je préfère les militants de ce parti menteurs que chefs de guerre.
De quels Ivoiriens parle le RDR ? Est-ce ceux qui ont envoyé la guerre dans ce beau pays et/ou ceux qui l’ont soutenue ? Et qui veulent qu’on règle les pro-blèmes de la Nation par la violence ? Ou s’agit-il des ivoiriens qui eux ont donné leur poitrine pour sauver la mère patrie ? Et qui veulent que les problèmes de la Côte d’Ivoire se règlent dans la paix ? Je pense que nous ne parlons pas des mêmes ivoiriens. Mais je crois savoir que le RDR parle de son cercle de fanatiques qui ne s’accommodent pas des hommes de valeur et qui font toujours la promotion des médiocres. Mais nous ne sommes pas étonnés que le RDR ne trouve pas en Gbagbo des qualités qui font de lui un homme exceptionnel. Ce parti est dans sa logique de médiocrité et de diabolisation des hommes de valeur. Mais la grande majorité des ivoiriens qui trouvent que Gbagbo est un homme exceptionnel va le plébisciter le 31 octobre.
Quand on dit que Gbagbo est un homme exceptionnel, ce n’est pas nous qui le disons. C’est l’Afrique toute entière qui, ayant compris le sens de son combat pour la dignité du peuple africain, le proclame. Et ce sont les chefs d’Etat eux-mêmes qui portent aujourd’hui Laurent Gbagbo au devant de la scène africaine. Allez dans n’importe quel pays africain et vous vous rendrez compte de la popularité du président Gbagbo à cause de son combat pour l’Afrique. On peut ne pas l’aimer, mais la réalité est là, palpable. Et le 31 octobre permettra aux ivoiriens de confirmer cette réalité-là. Et ceux qui diabolisent aujourd’hui le président Gbagbo se rendront compte qu’ils s’étaient trompés.

N.V. : Dans sa foulée, le RDR a une fois de plus attribué le fameux charnier de Yopougon au président Gbagbo. Que répondez-vous ?
M.S.B. : J’ai plusieurs fois dit au RDR que quand on ne porte pas de caleçon, on ne fait pas d’acrobatie. Le RDR ne semble pas le comprendre. Chaque jour, ce sont les dirigeants du RDR qui font des acrobaties et nous montrent l’ampleur de leur nudité. J’ai mal quand le RDR parle avec légèreté du charnier de Yopougon. Comme notre mission, c’est de dire la vérité et de détruire les mensonges du RDR, je voudrais dire aux Ivoiriens que l’histoire de ce charnier est connue. La fracture sociale est partie de ce charnier. Souvenez-vous qu’en 2000, quand le général Robert Guéi a voulu confisquer le pouvoir de Gbagbo nouvellement élu, celui-ci a fait appel au peuple qui, les mains nues, a vaincu les jeunes gens du Général. «C’est ce moment que Ouattara avait choisi pour lancer un mot d’ordre à ses militants en leur demandant d’aller prendre le pouvoir dans la rue. Car, pour lui, le pouvoir était dans la rue. En réalité le pouvoir n’était pas dans la rue. Il était dans les mains du peuple qui venait de l’arracher aux militaires de Guéi pour le remettre au président Gbagbo, le vrai vainqueur des présidentielles de 2000. C’est donc les corps issus des affrontements de ces évènements que le RDR a ramassés, les a mis nus et les a entreposés les uns sur les autres pour en faire un prétendu charnier dans une forêt non loin de la prison civile de Yopougon. Ceci pour faire accuser le nouveau pouvoir du président Gbagbo qui venait de prêter serment d’être l’auteur de ce charnier. Ce prétendu charnier était composé de 57 corps dévêtus dont le RDR avait pris soin de cacher les sexes en indiquant qu’il s’agissait de musulmans. Comment le RDR a-t-il pu identifier 57 corps dévêtus pour savoir qu’ils étaient tous des musulmans ? Mais la vérité finissant toujours par triompher du mensonge, nous connaissons aujourd’hui celui qui a transporté tous ces corps au nombre desquels il y avait un décès par noyade. Il est bon de rappeler qu’aucun ruisseau ne passe même dans les environs de l’endroit où ces corps avaient été exposés.
C’est avec les photos de ce prétendu charnier fabriqué par lui-même que le RDR s’est promené dans le nord de la Côte d’Ivoire pour opposer les populations de cette partie du pays à leurs frères du sud. C’est la cabale du vrai faux charnier de Yopougon en vue de diaboliser un homme exceptionnel qui a fait naître chez les combattants du RDR et de Ouattara l’esprit de vengeance. C’est ainsi qu’ils ont créé de vrais charniers dont le plus tristement célèbre est celui de Bouaké avec l’assassinat de plus de 60 gendarmes. On se rend donc aujourd’hui compte qu’avec la création de ce vrai-faux charnier de Yopougon en 2000, Ouattara préparait déjà la guerre. Ouattara ne se bat donc pas pour les ivoiriens. Et ça, nous le disons toujours. Il se bat pour devenir quelqu’un. Et pour cela, il est prêt à enjamber les corps des ivoiriens et à les opposer les uns les autres. Mais les ivoiriens, qui ont compris cela, ne le porteront jamais au pouvoir. Donc ceux qui s’entêtent encore à le suivre perdent leur temps.

N.V. : Malgré tout ce que vous dites, dans l’esprit des dirigeants du RDR, c’est le président Gbagbo qui est l’auteur du charnier de Yopougon.
M.S.B. : je ne voulais pas m’attarder sur des choses dont l’évidence crève les yeux, même ceux du profane. Aujourd’hui, tout le monde sait que c’est le RDR qui a fabriqué le charnier de Yopougon. Je voudrais rappeler à cet effet que feu le ministre Oulaï Siéné, ministre de la justice et des Libertés publiques au moment des faits, avait mis en place une commission spéciale composée de magistrats pour enquêter sur l’affaire du charnier de Yopougon. Cette commission avait été confirmée par le ministre Tagro qui lui avait succédé dans le gouvernement du 5 août 2002. Mais un peu plus d’un mois après, il y a eu la guerre et le portefeuille de la justice est revenu au RDR dans le gouvernement de Marcoussis par l’entremise de son secrétaire général Henriette Diabaté. Tout le monde avait alors pensé que l’heure était venue pour le RDR d’élucider l’affaire du charnier. Mais, contre toute entente, Mme Diabaté a non seulement dissous la commission spéciale qui avait été mise en place par le ministre Oulaï, mais elle a étouffé l’affaire. Et jusqu’à ce jour personne n’en parle. Pourquoi donc le RDR qui avait l’occasion de confondre le président Gbagbo qu’il accuse d’être l’auteur du charnier de Yopougon a plutôt préféré étouffer l’affaire ? En tout état de cause, la vérité sera sue tôt ou tard. Les vrais auteurs de ce charnier ne resteront pas impunis.

N.V. : Mais, malgré tout ce que vous dites de Ouattara, il est toujours reçu par les chancelleries…
M.S.B. : Vous savez, certaines puissances étrangères préfèrent ces genres de personnes comme Ouattara à la tête des Etats africains. Car ceux-ci sont prêts à leur brader les richesses de nos Etats. Ces puissances étrangères s’étaient donc dit qu’avec Ouattara aux origines douteuses à la tête de la Côte d’Ivoire, c’était l’aubaine pour eux de s’emparer des richesses dont regorge notre pays en récompense de leur aide à un homme qui, en temps normal, ne peut prétendre gouverner. Mais elles ont finalement compris que la carte Ouattara n’est pas la bonne, car non seulement il ne représente pas grand-chose et qu’il est soutenu par un petit cercle bruyant. Mais elles ont également compris que son avènement à la tête de la Côte d’Ivoire n’apportera jamais la paix. C’est pourquoi vous remarquez que ces puissances-là ne sont plus très chaudes aux côtés de Ouattara. Ajouter à cela le fait que les Ivoiriens eux-mêmes ont compris que Ouattara ne travaille pas pour leurs intérêts, mais pour ses propres intérêts et ceux des puissances étrangères qui le soutiennent. Les carottes sont donc cuites pour le candidat du RDR.
Et si ces mêmes puissances s’étaient dressées contre Gbagbo qui est l’élu des Ivoiriens, c’est bien parce que ce dernier se bat pour les intérêts du peuple au détriment des leurs. Les présidentielles sont donc aussi, entre autres, un combat entre ceux qui se battent pour le peuple et ceux qui se battent pour eux-mêmes et pour l’extérieur. Et ça aussi les Ivoiriens, y compris certains qui sont issus du nord pour qui Ouattara disait se battre, l’ont clairement compris. Nos frères du nord ont notamment vu que Ouattara ne leur a fait que du mal. Donc, finalement, tout le monde a compris que c’est Gbagbo qu’il faut à la tête de la Côte d’Ivoire.
C’est pour toutes ces raisons que je demande à nos frères qui croient encore en cet homme de se ressaisir et d’arrêter de continuer de rêver debout, car ils sont en train de foncer tête baissée tout droit dans le mur. Je les invite à nous rejoindre pour construire la nouvelle Côte d’ivoire avec le président Gbagbo. Qu’ils sachent que Ouattara ne sera jamais élu président en Côte d’Ivoire. Il n’y aura pas match le 31 octobre.

Entretien réalisé par Boga Sivori (bogasivo@yahoo.fr)
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